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Soutien du président national de l'AMOPA aux enseignants
Le 30/10/2020
Le président national de l'AMOPA (Association des Membres de l'Ordre des Palmes Académiques) tient à faire part aux enseignants du soutien total de cette association pour eux.
Voici cette lettre : lettre-information-octobre-20-2-pre-sident-.pdf (423 Ko)
SOS Éducation et la cour des comptes
Le 30/10/2020
La cour des comptes a épinglé une association prétendant sauver l'éducation nationale.
Cet "épinglage" dénonce fortement le fonctionnement de cette association, que je ne recommanderai certainement pas.
Faites votre propre idée.
Lettre de Jean Jaurès dans son exhaustivité
Le 22/10/2020
Cette lettre de Jean Jaurès a été lue hier soir lors de l'hommage à Samuel Paty, mais je pense qu'elle est à lire sereinement hors de l'actualité. Je l'avais découverte lors du centenaire de son assassinat en 2014 et gardée précieusement. Catherine Chabrun.
Jean Jaurès, le 15 janvier 1888 dans La Dépêche
"Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse. Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.
Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! — Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage.
J’entends dire, il est vrai : « À quoi bon exiger tant de l’école ? Est-ce que la vie elle-même n’est pas une grande institutrice ? Est-ce que, par exemple, au contact d’une démocratie ardente, l’enfant devenu adulte ne comprendra point de lui-même les idées de travail, d’égalité, de justice, de dignité humaine qui sont la démocratie elle-même ? » — Je le veux bien, quoiqu’il y ait encore dans notre société, qu’on dit agitée, bien des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits. Mais autre chose est de faire, tout d’abord, amitié avec la démocratie par l’intelligence ou par la passion. La vie peut mêler, dans l’âme de l’homme, à l’idée de justice tardivement éveillée, une saveur amère d’orgueil blessé ou de misère subie, un ressentiment et une souffrance. Pourquoi ne pas offrir la justice à des cœurs tout neufs ? Il faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d’enfance, c’est-à-dire de générosité pure et de sérénité.
Comment donnerez-vous à l’école primaire l’éducation si haute que j’ai indiquée ? Il y a deux moyens. Il faut d’abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu’ils ne puissent plus l’oublier de la vie et que, dans n’importe quel livre, leur œil ne s’arrête à aucun obstacle. Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c’est la clef de tout. Est-ce savoir lire que de déchiffrer péniblement un article de journal, comme les érudits déchiffrent un grimoire ? J’ai vu, l’autre jour, un directeur très intelligent d’une école de Belleville, qui me disait : « Ce n’est pas seulement à la campagne qu’on ne sait lire qu’à peu près, c’est-à-dire point du tout ; à Paris même, j’en ai qui quittent l’école sans que je puisse affirmer qu’ils savent lire. » Vous ne devez pas lâcher vos écoliers, vous ne devez pas, si je puis dire, les appliquer à autre chose tant qu’ils ne seront point par la lecture aisée en relation familière avec la pensée humaine. Qu’importent vraiment à côté de cela quelques fautes d’orthographe de plus ou de moins, ou quelques erreurs de système métrique ? Ce sont des vétilles dont vos programmes, qui manquent absolument de proportion, font l’essentiel.
J’en veux mortellement à ce certificat d’études primaires qui exagère encore ce vice secret des programmes. Quel système déplorable nous avons en France avec ces examens à tous les degrés qui suppriment l’initiative du maître et aussi la bonne foi de l’enseignement, en sacrifiant la réalité à l’apparence ! Mon inspection serait bientôt faite dans une école. Je ferais lire les écoliers, et c’est là-dessus seulement que je jugerais le maître.
Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine !
Seulement, pour cela, il faut que le maître lui-même soit tout pénétré de ce qu’il enseigne. Il ne faut pas qu’il récite le soir ce qu’il a appris le matin ; il faut, par exemple, qu’il se soit fait en silence une idée claire du ciel, du mouvement des astres ; il faut qu’il se soit émerveillé tout bas de l’esprit humain, qui, trompé par les yeux, a pris tout d’abord le ciel pour une voûte solide et basse, puis a deviné l’infini de l’espace et a suivi dans cet infini la route précise des planètes et des soleils ; alors, et alors seulement, lorsque, par la lecture solitaire et la méditation, il sera tout plein d’une grande idée et tout éclairé intérieurement, il communiquera sans peine aux enfants, à la première occasion, la lumière et l’émotion de son esprit. Ah ! sans doute, avec la fatigue écrasante de l’école, il vous est malaisé de vous ressaisir ; mais il suffit d’une demi-heure par jour pour maintenir la pensée à sa hauteur et pour ne pas verser dans l’ornière du métier. Vous serez plus que payés de votre peine, car vous sentirez la vie de l’intelligence s’éveiller autour de vous.
Il ne faut pas croire que ce soit proportionner l’enseignement aux enfants que de le rapetisser. Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde. Il y a un fait que les philosophes expliquent différemment suivant les systèmes, mais qui est indéniable : « Les enfants ont en eux des germes, des commencements d’idées. » Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre : il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur.
Je dis donc aux maîtres, pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d’éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront."
télétravail et dépression saisonnière
Le 15/10/2020
Une journaliste se demandait si le télétravail risque d'accroître les effets de la dépression saisonnière qui s'annonce avec les jours de plus en plus courts.
Voici son interview :
Bonne lecture
Parcours de découverte d'un PEdT bien construit
Le 15/10/2020
J'ai beaucoup travaillé avec l'Ariège, département dans lequel nous avons pu mettre en place des PEdT co-construits, sur la base de l'organisation de la semaine que je proposais à toutes les communes accompagnées, sur 4,5 jours bien évidemment.
Voici le message que je viens de recevoir d'un responsable associatif avec lequel j'ai beaucoup travaillé.
"Nouvel aboutissement d’un parcours découverte qui a permis la réalisation d’un clip vidéo autour de la convention des droits de l’enfant.
Ce parcours regroupait plusieurs ateliers : découverte de la CIDE, atelier écriture, atelier radio, atelier musique SLAM RAP, atelier vidéo et montage .
Je vous adresse le résultat qui est un nouveau fruit de notre collaboration sur les parcours découverte et le sens du projet dans le cadre de la refondation de l’école et de l’aménagement du temps de l’enfant.
https://www.youtube.com/watch?v=iVfQYYte2So
Merci une nouvelle fois pour le résultat de notre collaboration"
Le 02/09/2020
Une interview de la CAF, à destination des parents, pour aider les enfants à retrouver un rythme correct pour profiter de l'école. Elle était prévue pour la rentrée mais les conseils donnés sont aussi utiles maintenant que la rentrée est faite;
Bonne lecture à vous
conseils aux accompagnants de colos et centres de loisirs studieux
Le 04/08/2020
Conseils pour les professionnels de l'animation qui ont en charge les enfants pendant les vacances dites apprenantes.
On constate que les vacances apprenantes prennent diverses formes selon l’appellation qu’on leur donne.
Quelques rappels :
Les colonies studieuses seraient organisées pour une durée minimale de 5 jours ouvrés, du 4 juillet au 31 août 2020, "dans la région ou dans un rayon de 200 km du lieu de domiciliation de la majorité du public prioritaire accueilli". En effet, le projet de la « colonie studieuse » vise la découverte du territoire de proximité, de l’environnement naturel, du patrimoine historique et culturel, notamment par l’organisation de sorties.
Il est aussi souhaité que le projet pédagogique développe un axe « partenariat avec les familles » de manière à ce que ces dernières soient précisément informées en amont des objectifs et des programmes d’activités prévus dans le projet, sensibilisées à la démarche « colonies pour tous », voire impliquées, quand cela est possible dans la mise en œuvre du projet.
L’implication des habitants dans les projets pédagogiques (intervention ponctuelle des parents, des bénévoles, des agents territoriaux, etc.) sera recherchée.
Ce dispositif serait partenarial et décliné au plus près des territoires. "Ainsi, les DDCS-PP, DRJSCS et les IA-DASEN sont chargées de la mise en place du comité de labellisation qui évalue les séjours et attribue le label."
Quant aux accueils de loisirs studieux, ils se dérouleraient aussi du 4 juillet au 31 août, cette fois "à proximité des zones où est domiciliée la majorité du public prioritaire accueilli. [...] Ils fonctionneront sur une durée minimale de 10 jours ouvrés (2 semaines), le matin et l’après-midi. Un temps de restauration sera prévu (restauration collective ou pique-nique)". Les groupes d’appui départementaux (GAD) seraient "chargés de procéder à la labellisation des accueils, à leur accompagnement et à leur suivi".
Les colonies studieuses comme les accueils de loisirs studieux se structureraient autour du renforcement scolaire (renforcement des apprentissages) et de la mise en place d’activités créatives et thématiques en lien avec : le développement durable et la transition écologique ; les arts et la culture ; le sport et le sport de nature ; la science, l’innovation, le numérique ; la découverte ou l’approfondissement de langues étrangères.
Ces dispositifs tiendraient compte de la nécessité de proposer "aux publics des activités adaptées à leurs besoins de s’aérer et de contacts avec la nature après une longue période de confinement tout en répondant à leurs besoins psychologiques et cognitifs en toute sécurité". Ils visent également "la découverte du territoire de proximité, de l’environnement naturel, du patrimoine historique et culturel, notamment par l’organisation de sorties".
Quels conseils utiles pour les organisateurs et les intervenants.
Il est indispensable qu’on profite de ces journées pour redonner un rythme aux enfants, mais aussi retravailler avec eux les notions de temps.
Redonner un rythme, c’est avant tout expliquer combien le sommeil est important, qu’il faut un sommeil de qualité pour être tous les jours en forme, avoir des capacités attentionnelles performantes, mais aussi, il faut le savoir, éviter tout comportement agressif souvent lié à une trop grande fatigue. On peut d’ailleurs profiter de ces vacances « studieuses » pour travailler avec les enfants sur une meilleure connaissance de leurs rythmes biologiques.
Ci-joint un lien d’une interview que j’ai eue à ce propos pendant le confinement pour le P’tit Libé (journal pour les enfants), lien qui permet de rendre acteur les enfants par rapport à l’acquisition de ces connaissances.
https://ptitlibe.liberation.fr/p-tit-libe/2020/03/20/comment-bien-organiser-sa-journee-pendant-le-confinement_1782342
Vous avez également un lien d’une mallette pédagogique, dans laquelle vous avez de courtes vidéos expliquant le fonctionnement des rythmes biologiques, vidéos que vous pouvez aussi utiliser avec les enfants.
Mallette pédagogique Trouve ton rythme
Un autre moment important pour le respect des rythmes est celui de la pause méridienne.
Ce moment est appelé « creux méridien », parce qu’il correspond à une période de la journée où nous connaissons tous une baisse physiologique globale, ce qui correspond au « coup de pompe » souvent constaté par les uns et les autres à la fin du repas, ce qui leur fait croire que c’est leur digestion qui crée ce coup de pompe, ce qui est une erreur puisqu’il existe même si on n’a pas mangé.
Ce qui signifie que ce n’est pas le moment de proposer un ballon prisonnier ou toute autre activité requerrant une dépense physique importante. Il serait bon au contraire de leur apprendre à se relaxer pendant cette période, ne pas hésiter à leur proposer de faire une sieste s’ils le souhaitent, c’est vraiment le meilleur moment pour avoir cette vraie pause.
Ci-joint un doc permettant d’utiliser le yoga avec les enfants de tous âges. (1)
Pourquoi travailler avec eux sur les notions de temps ?
Parce que pendant le confinement, certains enfants ayant perdu leur rythme (coucher plus tardif et lever plus tardif) voyaient les jours se suivre et se ressembler, ce plus encore si leurs parents n’avaient pas d’obligations en terme de travail. On peut tout à fait penser qu’au bout d’un moment, les enfants ne savaient plus dire spontanément quel jour on est.
Il faut donc profiter de ces temps passés avec eux pour leur redonner des rituels quotidiens, mais aussi leur donner des marques particulières leur permettant de bien repérer les jours différents de la semaine.
Il faudrait réussir à les convaincre de conserver les habitudes ainsi acquises pendant ce temps de colo pendant le reste des vacances d’été, pour qu’ils puissent repartir à la rentrée de septembre sans avoir tout à re-découvrir.
Le contact rapproché avec les familles à ce propos est ici bien utile, pour que les parents les aident à conserver ces habitudes. On peut par exemple, leur conseiller d’utiliser le temps du petit déjeuner pour discuter de cela avec les enfants, leur demander de donner le jour qu’on est, mais aussi de les faire participer à une organisation temporelle de chacune des journées : faire ainsi ensemble un déroulé des diverses activités qu’on va faire au cours de la journée, plutôt que d’avoir des journées au petit bonheur la chance. On peut encore imaginer qu’on s’accordera à ce qu’une journée particulière, le dimanche probablement pour beaucoup, on n’aura pas d’organisation particulière et on décidera à chaque moment de cette journée de ce que l’on fera à ce moment là.
La journée des enfants.
Dans ces colos dites studieuses, il me semble important de mener un travail civique avec les enfants : par exemple se mettre d’accord tous ensemble au début du séjour sur les responsabilités à partager au sein de la colo. J’avoue avoir été gênée de constater les nombreuses plaintes des parents en télétravail sur le fait de devoir à la fois s’occuper de la maison, des enfants et du travail ! Il apparaît qu’on rend de moins en moins autonomes les enfants, on a l’impression que les parents font tout à leur place. Les habituer à participer au ménage, au rangement, à différents services à rendre au cours d’une journée me semble bien faire partie de ce travail civique à réaliser avec eux. Il peut être intéressant de faire le point avec le groupe sur chacune des activités ainsi définies pour savoir celle où chacun se sentira plus à l’aise pour en assumer la responsabilité.
Il est évident aussi qu’aucune de ces activités n’est genrée, donc filles et garçons sont totalement équivalents pour prendre en charge ces activités.
La journée considérée comme « studieuse » ou « apprenante ».
Le matin doit être consacré à renforcer les compétences scolaires des enfants, entre autres dans l’acquisition des savoirs dits fondamentaux, lire, écrire, compter, respecter autrui.
Les après-midis quant à eux sont consacrés à des activités de loisirs autour de la culture, du sport, du développement durable, en faisant des liens avec les enjeux contemporains climatiques et de biodiversité.
Renforcer les compétences scolaires n’est pas faire l’école à la place de l’école, c’est plutôt trouver toutes les activités, y compris ludiques, dans lesquelles on sait que les enfants devront utiliser ces acquis scolaires.
Cela sera d’autant plus utile pour les enfants si les intervenants savent replacer les compétences ainsi développées ou acquises dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et s’ils peuvent le dire explicitement aux enfants, ce qui nécessite qu’ils le connaissent bien.
Il s’agit surtout de donner la possibilité aux enfants et aux jeunes de renforcer savoirs et compétences dans un cadre ludique, ce qui les aidera à préparer leur rentrée de septembre dans de bonnes conditions.
Le plus utile pour ce faire est d’aider les enfants à prendre conscience des connaissances qu’ils peuvent maîtriser ou même qu’ils maîtrisent déjà, des compétences qu’ils possèdent, des potentialités qu’ils peuvent développer. De plus il faut leur faire comprendre quels sont les attendus de l’école, vérifier d’abord ce qu’ils en savent puis les aider à découvrir ce qu’ils ne savent pas, c’est ainsi qu’on les aidera à se préparer à reprendre l’école dans des conditions non stressantes, ce qui évitera tout risque de décrochage.
Dans la mesure du possible, il serait nécessaire de pouvoir associer les familles à ce travail de connaissances des attendus de l’école.
Par rapport aux compétences et aux connaissances acquises par les enfants, il n’est pas inutile de les replacer explicitement dans le cadre du texte décrivant le socle commun de connaissances et de culture utllisé à l’école pour les évaluations de chaque élève, ce qui permet alors de rassurer les enfants sur leurs savoir-faire utiles pour l’école, même s’ils sont acquis dans un tout autre cadre, beaucoup plus ludique.
Mais il faut veiller à ce que cette mise en évidence des connaissances et compétences acquises se fasse dans un contexte de libre parole, éviter que les enfants se sentent évalués, y compris par les autres du groupe, ce qui est toujours très négatif pour ceux qui ne sont pas sûrs d’eux ; il faut aussi que cela se fasse à des moments où l’envie de partager avec les autres est présente globalement au sein du groupe.
Il est nécessaire, au cours de la journée, de prévoir des temps d’actions collectives qui permettront de renforcer les liens sociaux. Les activités précédemment suggérées dans le cadre du travail civique en font partie. Tout comme faire une fresque tous ensemble, ou une recette de cuisine, ou un atelier vidéo dans lequel les rôles de chacun seront distribués. Leur faire fabriquer eux-mêmes des jeux collectifs, tels par exemple qu’un jeu de l’oie, sur un thème donné choisi par le groupe, où les questions-réponses seront construites collectivement, ceux préférant dessiner la spirale du jeu ainsi que les cases la composant pourront choisir cette participation.
Leur proposer également de fabriquer des marionnettes, un théâtre, d’écire une histoire collective, pour pouvoir se produire tous ensemble, pour que la pièce soit jouée en public.
Il est tout aussi intéressant de leur suggérer d’inventer collectivement leur propre jeu, faisons confiance à leur imagination !
Prévoir aussi la possibilité, quand cela est possible, d’associer les familles à certaines des activités proposées l’après-midi.
Il m’apparaît, plus encore que d’habitude, qu’il est important de commencer toute journée par un temps particulier, à savoir un :
« Quoi de neuf ? »
Le Quoi de Neuf est bien plus qu’une activité langagière : c’est un temps dédié à l’enfant pour qu’il s’exprime et partage avec le groupe un sujet qui lui tient à cœur. (Une situation vécue, une passion, une question qu’il se pose, un fait d’actualité, un livre, une découverte scientifique...)
Cette activité permet de faire le lien entre la vie en dehors et à l’intérieur de la colo, de créer une situation de communication à part entière tout en respectant des règles d’échange. Utiliser un bâton de parole qu’on fait circuler peut être intéressant.
Le gros intérêt d’utiliser le Quoi de Neuf est qu’il mobilise aussi bien des compétences langagières que des compétences transversales. Notamment en Éducation Civique et Morale mais aussi dans toutes les autres disciplines selon le sujet (lecture - sciences...).
Il fonctionne à tout âge, de la maternelle aux plus grands.
En maternelle, il est bon d’utiliser un sablier que les enfants peuvent eux-même utiliser, ce qui est utile au gardien du temps.
On peut le faire tous les matins, entre 10 et 15 mns.
On peut leur proposer de s’inscrire sur un semainier, que je joins à cet envoi. (2)
Il est complété par un tableau de suivi tenu à jour par un enfant affecté à cette tâche (sous
la responsabilité du secrétaire ou de l’animateur) afin de veiller à ce que chaque enfant puisse avoir son temps de parole. (3)
Le « Quoi de Neuf » comporte trois rôles principaux : un président, un secrétaire, un gardien du temps. Ces trois rôles sont intégrés aux responsabilités de la semaine. (4)
Bien comprendre qu’une telle activité se déroule classiquement dans les classes utilisant la pédagogie Freinet, mais elle n’est pas spécifique de l’école. Tout groupe d’enfants se retrouvant plusieurs jours de suite dans un même lieu, dans un même environnement, et ayant des activités cadrées à réaliser, peut utiliser une telle activité pour commencer chaque journée.
Le quoi de neuf est mené par un enfant, président de séance.
Le président : ouvre et ferme le Quoi de Neuf, anime les prises de parole, régule les gêneurs (enfants qui parlent ou gênent le QDN de quelque manière que ce soit).
Le secrétaire : donne la liste des intervenants, gère les tableaux et résume les idées principales abordées au QDN en fin de séance, par un enregistrement audio et une photo pour garder une trace des dires du groupe.
Le gardien du temps : indique le temps imparti pour l’intervention (début et fin) à l’aide du sablier. On peut limiter également le temps des questions.
Je pense que beaucoup d’entre vous connaissent le fonctionnement d’un tel moment, mais s’il faut que j’envoie un texte reprenant la formule à utiliser, cela ne me pose aucun problème.
Quoi qu’il en soit : les objectifs principaux d’un Quoi de Neuf :
* Créer un espace de parole institutionnalisé et sécurisé pour favoriser le climat du groupe.
* Développer les aptitudes langagières, réflexives et d’écoute.
Et les compétences transversales acquises ;
Se situer et s’exprimer en respectant les codes de la communication orale, les règles de l’échange et le statut de l’interlocuteur.
Il me semble qu’après le vécu du confinement de ces enfants, ils ont absolument besoin d’avoir de tels temps d’échange, ne serait-ce que pour partager leur perception de ce moment mais aussi les ressentis qu’ils en ont eus et qui, peut-être perdurent encore.
Après ce moment de partage, les enfants seront davantage prêts à s’impliquer dans les activités leur permettant de « renforcer leurs apprentissages ».
Viendra le temps du repas, qui fait partie des activités que j’appelle « civiques ».
Puis la pause méridienne à organiser comme expliqué plus haut.
Et l’après-midi.
Prévoir de nombreuses activités de loisirs leur permettant de faire des découvertes sur la nature, la culture au sens large, le développement durable, les activités physiques, etc.
Je propose ici quelques liens permettant d’avoir des idées nouvelles pour organiser de telles activités.
Écouter et lire
Ecouter de la musique, des histoires
Bouger
Outre le yoga bienvenu sur la pause méridienne, penser à créer des défis sportifs, à leur apprendre à jongler, etc
La culture
Ne pas hésiter aussi à utiliser des sites fort intéressants, comme ceux permettant aux enfants de découvrir les musées.
Par exemple voir si ce site est toujours gratuit :
10 musées à visiter :
https://www.geo.fr/voyage/coronavirus-10-musees-a-visiter-en-ligne-200242?fbclid=IwAR1eWXJHYKyGOMsK4WyH3RMBqF5m_PPHm8zRcBiUBJKPHPHYTsf7MOEs324
De même voir si ce site collaboratif est toujours disponible, qui permet de proposer bien des activités.
https://taleming.com/occuper-enfants-maison-coronavirus/?fbclid=IwAR2GHCwbV0eagYhZ-
FcGy97DDBlj47JwGFKdbDC71hW16OplRAFfX0rs6ek
Et surtout, donner chaque jour des temps aux enfants pour « ne rien faire », regarder les mouches voler ! C’est le meilleur moyen de leur apprendre à s’ennuyer positivement, à développer leur imaginaire et leur créativité.
Avoir toujours en tête que ces moments de vacances dites apprenantes doivent avant tout permettre aux enfants de retrouver confiance en eux, d’apprendre à s’autonomiser et à s’autodéterminer, de les aider à développer leur motivation pour les apprentissages, mais aussi évacuer les mauvais souvenirs qu’ils peuvent avoir accumulés au cours de cette période difficile pour tout le monde.
Pour autant il est nécessaire d’accepter de discuter avec eux sur la pandémie, le virus, accepter de leur expliquer pourquoi il faut continuer à faire attention, et ne pas hésiter à leur dire qu’ils auront probablement l’occasion de connaître de nouvelles épidémies et finalement, ils auront ainsi acquis les bonnes habitudes, à ne pas perdre, pour éviter la maladie. Les laisser poser toutes les questions qui leur viennent en tête, c’est un moment favorable pour chercher à y répondre, d’ailleurs en leur proposant parfois de chercher ensemble les réponses quand on ne les possède pas spontanément.
Je pense qu’on leur a beaucoup répété qu’il faut faire tout le temps les « gestes barrière », mais est-on allé plus loin avec eux sur le pourquoi de ces obligations ?
Leur donner des connaissances scientifiques à ce propos ne va pas les inquiéter plus encore, c’est tout le contraire qui se passe, mieux ils connaissent le fonctionnement du virus et de l’épidémie, plus ils peuvent être rassurés en sachant qu’on leur a donné les conditions à respecter pour éviter de tomber malade.
Je joins ici un lien utile pour donner des explications de ce type aux enfants, lien qui vient d’une maman médecin dans un CHU :
http://psycogitatio.fr/le-coronavirus-explique-aux-enfants/
Il sera d’ailleurs important de rapprocher ces activités de celles où on leur parle de leurs rythmes et de l’importance du sommeil. En effet on peut les convaincre que plus ils se couchent à la bonne heure (soit surtout pas trop tard), plus ils commenceront la nuit avec une partie du sommeil qu’on appelle sommeil Lent Profond, qui est le sommeil le plus important pour nous aider à lutter contre les maladies, puisque c’est à ce moment là de la nuit que la régénération du système immunitaire est active, et permettra de lutter contre les microbes et les virus.
Les colos apprenantes sont avant tout des moments de vacances au cours desquels vont se rencontrer des enfants qui ne se connaissent pas forcément. Qui dit vacances, dit détente, mais qui dit détente ne dit pas faire n’importe quoi n’importe comment.
Il sera utile de les amener à avoir envie de coopérer bien plus que d’être en compétition, d’accepter les différences entre les uns et les autres, de ne pas vouloir systématiquement imposer ses idées en estimant qu’elles sont forcément meilleures que celles des autres, en leur expliquant toujours pourquoi développer de telles relations avec les autres est important pour bien vivre ensemble.
Il faudra aussi les rassurer sur le fait que contrairement à ce qu’ils peuvent penser, ils n’ont pas perdu leur temps par rapport à l’école, car ils ont forcément acquis d’autres façons de travailler qui sont tout aussi utiles que les seules qu’ils connaissaient. Ce qui permettra de leur dire que ces jours que vous allez passer ensemble va leur permettre de prendre conscience de ce qu’ils savent beaucoup plus de choses qu’ils ne le croient trop souvent, mais qu’il faut qu’ils apprennent à les exprimer, mais aussi qu’ils doivent oser poser des questions quand ils ont l’impression de ne pas comprendre ce qui leur est expliqué ; d’où l’importance alors de savoir dire que nous, adultes, nous ne savons pas non plus tout, nous sommes obligés nous aussi de chercher les réponses là où on peut les trouver.
Et profiter de ces temps d’échange pour discuter avec eux de leur façon d’utiliser internet par exemple, pour trouver une réponse. Leur donner des exemples où on peut croire ce qu’on lit alors que c’est complètement faux. Mais également leur expliquer qu’on doit toujours citer les personnes qu’on copie quand on a trouvé ce qu’on cherche, ce qu’on appelle la propriété intellectuelle, car j’ai bien eu l’occasion de constater qu’on parle rarement de cela à l’école, mais pas beaucoup plus ensuite au collège et au lycée et quand ils arrivent dans les études supérieures, ils n’ont pas pris les bonnes habitudes à ce propos.
Il est évident qu’avec le peu de jours que vont durer ces colos (ah l’époque où on avait avec nous les enfants pendant 3 semaines pleines !), on peut craindre de n’avoir pas le temps, mais il faut avoir conscience que tout ce qui pourra se faire pendant la durée de la colo est intégré dans leur mémoire et pourra facilement être réactivé quand ils en auront besoin. Là encore, pouvoir en discuter avec la famille, qui peut aussi être un grand frère ou une grande sœur, peut être très utile, en insistant sur le besoin qu’un relais soit pris ensuite à la maison.
Et à la fin du séjour, ne pas hésiter à mettre en place un temps d’échange, pour que chacun explique ce qui l’a rassuré pendant ces journées mais aussi quelles inquiétudes restent dans leur tête quand ils pensent à la prochaine rentrée des classes. Dans un tel temps d’échange il est important que le groupe joue le rôle de désactivateur des inquiétudes, que ce ne soit pas le seul animateur qui joue ce rôle. Ce doit être assez facile à la fin du séjour avec tout ce qui aura permis que l’esprit de groupe s’installe.
Inutile je pense, de dire, que c’est la même chose pour les animateurs, il faudra que se crée une confiance entre eux pour qu’ils puissent eux aussi avoir ces échanges qui permettront de ne pas stresser ni s’angoisser. Car leur rôle est très important, vous avez au cours de ces colos, un vrai rôle d’animateur-éducateur, professionnellement vous allez participer activement à la construction d’une co-éducation, avec les enseignants comme avec les parents, ce qui ne peut qu’être favorable pour les apprentissages de tous les enfants.
Je me suis beaucoup penchée sur les colos studieuses, mais pratiquement tout ce qui a été dit dans ce papier est applicable sans problème aux accueils de loisirs studieux, puisque les enfants se retrouveront chaque jour pendant au moins une dizaine de jours.
Pour le Quoi de neuf, allez sur le site de Laetitia Vautrin, enseignante qui donne tous les conseils nécessaires pour des enfants de maternelle et CP :
https://evolutionclasse.org/2017/01/31/le-quoi-de-neuf-adaptation-en-maternelle-cp/
L'école de la République est en danger, réveillons-nous !
Le 14/05/2020
De gros changements au sein de l'école sont apparus avec les projets du ministre actuel de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.
La loi pour l'école de la confiance a profondément modifié les attendus pour l'école, comme par exemple remplacer le socle commun de compétences à atteindre par les enfants jusqu'à la fin de la scolarité obligatoire par l'apprentissage exclusif des fondamentaux, ce qui exclut de nombreuses autres connaissances qui risquent de n'être acquises que par les enfants les plus favorisés pour lesquels les parents pourront financer des activités éducatives hors école.
Mais ce qui est aussi grave est que les personnels chargés de mettre en oeuvre le projet du ministère, vivent fort mal la façon de devoir le faire, et sont maintenant plusieurs à dénoncer publiquement le sacrifice de l'école de la République qui est en train de se faire.
Je joins ici trois articles parus dans le Café Pédagogique, dans leur ordre chronologique, qui confirment l'analyse que j'ai faite en introduction.
Pour l'avenir de tous les enfants, il est urgent que les citoyens prennent conscience de ce qui se passe pour leur éducation scolaire et qui risque fort de creuser encore les inégalités déjà largement dénoncées en France.
1-men-faillite-des-relations-hulaines-au-men.pdf (113.69 Ko)2-men-un-haut-fonctionnaire-parle.pdf (126.41 Ko)3-men-hauts-fonctionnaires-de-noncent-le-projet-du-men.pdf (128.91 Ko)